« Emmaüs ou la petite graine de l’Espérance »

Qui n’a pas pressenti dans le vol furtif d’une libellule, la beauté impalpable d’un arc en ciel ou l’apparence fugace d’un sourire, une présence divine nous dépassant ?
Entre la nostalgie de la plénitude et l’avant goût de l’harmonie, combien ont recherché, sans jamais les atteindre, l’Eden perdu ou leur ange oublié ! « Je ne sais pas ce que je cherche, disait St Augustin,
mais une fois trouvé je sais ce que je cherchais ».
Les pèlerins d’Emmaüs n’ont pas reconnu le Christ sur le chemin , mais ils l’ont pressenti.
Toute l’Histoire du Peuple Juif est celle d’un immense pressentiment. Mais si Dieu se donne de manière particulière, Il ne peut être accaparé. Ces 2 hommes voudraient bien que Jésus reste, encore un peu ...allez ! encore un peu plus loin, rien que pour eux.
Alors Jésus accepte, Il rentre et partage le Pain. Mais une fois ce pain fractionné, ils vont vivre une deuxième mort : celle de la disparition du Christ succédant à celle, quelques jours plus tôt sur la Croix.
Une mort, une deuxième mort, mais non, pas tout à fait... Comme disait un astrophysicien célèbre, « la Terre a été formée avec ce qui restait quand tout a disparu ».
Il faudra aux disciples les miracles, les 3 ans passés avec Jésus, la croix, la Pentecôte, les réunions de prières des premières communautés chrétiennes (les qoubalas),
la destruction du Temple pour enfin reconnaître le Messie.
La chaleur ressentie au son de Sa voix ne rendait-elle pas tout brûlant notre petit coeur endormi ?
Qu’attendaient-ils vraiment ? Et nous qu’attendons-nous ? Est-ce nous, au fond, égoïstement que nous cherchons à travers le Christ ?
Dieu n’est pas à vendre, ce n’est ni un objet, ni un magicien ! Dieu est Innocent et Innocent de notre Mal.
Les pèlerins restaient myopes parce qu’Ils s’étaient fait un Dieu à leur image alors que Dieu les avait fait à son image. Ils appartenaient à une religion inversée. Alors Dieu leur échappe, car le péché leur a arraché les ailes de leur âme. S’en suivent les doutes, les soupçons, les jalousies, les haines, les pouvoirs, les intérêts, les instrumentalisations
au nom même de Dieu ! Car si c’est par le Christ que l’on se sauve
c’est par soi-même que l’on se perd.
Alors, à Emmaüs, il va leur falloir, comme nous, commencer ! Commencer avec ce qui reste, c’est-à-dire, rien !
Et ce rien, s’ils l’acceptent sera transfiguré par l’Esprit Saint qui se « donne en retrait ».
Il va les conduire à l’Espérance. Emmaüs ou la petite graine de l’Espérance.
Si ton grain n’atterrit en Terre... et cette graine par l’Esprit, c’est l’Église !

Alain, diacre