On n’assiste pas à la Messe, on la vit

Quelle place la liturgie a t elle dans votre vie de foi ?
C’est le coeur de la vie de l’Église. L’eucharistie est « source et sommet de la vie chrétienne » (lumen gentium 11), tout le mystère chrétien y est récapitulé. On oublie souvent que la liturgie est riche et diverse… Par exemple, dans le rituel du baptême des adultes, toute une série de bénédictions sont proposées , à différentes étapes du catéchuménat, au libre choix du pasteur et des équipes d’accompagnement…
Comment percevez vous l’évolution de la liturgie et des tendances actuelles ?
Il faut habiter la liturgie pour ne pas la réduire à des recettes. Reconnaissons tout d’abord qu’il y a eu un déficit de formation très net dans l’après Concile. Des libertés malheureuses , et parfois dommageables, ont été prises qui ne correspondaient pas à la volonté du Concile. On observe aujourd’hui une tendance individualiste et subjective qui consiste à se servir de la liturgie au lieu de servir Dieu dans la liturgie… Nous avons à recevoir et intérioriser la liturgie de l’Église. Le rite doit s’incarner. Nous ne faisons pas que répéter des gestes. Faire attention à ce que l’on dit et ce que l’on fait est essentiel pour être profondément en lien avec l’assemblée, car, dans la liturgie, toute la communauté célèbre. Quand Vatican II parle de participation active, il s’agit de la façon dont on vit la liturgie de l’intérieur, comment on s’implique pleinement. On n’assiste pas à la Messe, on la vit.
Constatez vous une tendance à la ritualisation ?
Oui lorsqu’on est exigeant et les rites , que l’on veut « rétablir » le caractère sacré, mais qu’on oublie de se convertir. Bien sûr la liturgie est quelque chose de sacré, mais il ne faudrait pas l’utiliser pour justifier une forme de cléricalisme. Même s’il est face à la communauté parce qu’il agit au nom du Christ, le prêtre en est un membre et c’est l’ensemble de la communauté qui est envoyée en mission .

Mgr Guy de Kérimel évêque de Grenoble-Vienne