Crise des vocations

La fin du mois de juin ramène chaque année la saison des ordinations.
Dans l’Église occidentale, il y a souvent ce refrain qui l’accompagne : « la crise des vocations ».
Du point de vue numérique, c’est un effondrement complet : de 900 ordinations par an dans les années 50, nous sommes tombés à une centaine chaque année, depuis l’an 2000. Quelles sont les racines profondes ce cette crise ?
D’abord, il est à noter que notre monde occidental est devenu matérialiste et athée en une petite cinquantaine d’années. La société de consommation et la civilisation des loisirs détournent bien des jeunes de l’engagement durable. La figure du « militant » a disparu, désormais eux qui s’engagent le font pour une durée limitée et dans le but de s’épanouir. Aujourd’hui, beaucoup de jeunes voudraient bien embrasser la vie religieuse ou sacerdotale, mais pour une durée limitée. C’est donc la figure du « pèlerin » qui émerge dans l’engagement, et cette itinérance est difficilement compatible avec le don de soi pour toute la vie.
Ensuite, il faut noter que le prêtre n’est plus une figure « sociale » Ce qu’il a pu être pendant des siècles, à savoir une figure d’autorité, respectée parce qu’instruite et reliée au sacré, est désormais une image d’Épinal.
Bien des jeunes hésitent à devenir prêtres, sachant que cela leur demandera six longues années d’études et toute une vie consacrée au service des autres.
Enfin, cette crise n’est que la traduction dans l’Église catholique d’une crise plus vaste : celle de l’engagement. Combien d’associations ont du mal à constituer un bureau ou un conseil d’administration ! Et que dire des assemblées générales qui parfois ne peuvent atteindre le quorum pour valider leurs décisions !
Cette crise peut, cependant, être salutaire, car elle va forcer nos communautés à s’engager. Les baptisés ne peuvent plus se « reposer
 » sur le prêtre. L’heure a sonné ou chacun doit être acteur. Impossible d’être un figurant, où alors ce sera la mort de nos communautés.
A nous de choisir entre une Église de la première heure, où quelques-uns s’essoufflent dans la Vigne du Seigneur, et une Église de la 11ème heure, où chacun est impliqué.

Père Matthias AMIOT