Croix glorieuse ?

Au milieu du mois de septembre, la liturgie nous invite à célébrer la Croix
glorieuse. Cette fête remonte au IVème siècle, elle fait mémoire de la découverte de la vraie Croix par Sainte Hélène, mère de Constantin. D’après la tradition, elle
serait venue en pèlerinage à Jérusalem sur les Lieux Saints, et elle aurait été guidée jusqu’à retrouver la Croix du Christ un 14 septembre. C’est pourquoi nous
fêtons la Croix à cette date. C’est la seule fête de tout le calendrier qui lui soit consacrée. Nous la fêtons en communion avec l’Église Orthodoxe.

Au premier abord, la Croix ne semble pas du tout glorieuse. À l’origine elle est un instrument de torture inventé par les Phéniciens, et réservée par les Romains aux criminels et aux esclaves rebelles. La mort est lente et pénible. Les crucifiés sont mêmes maudits par ceux qui les croisent. En tout cela, on peut s’interroger : qu’est-ce qui fait la gloire de la Croix ?

C’est bien sûr Jésus qui donne Sa gloire à la Croix. Sans Lui, elle reste le signe d’un échec dramatique qui met un point final à Sa mission. Dans cette perspective, le désarroi des disciples, et notamment celui des deux pèlerins d’Emmaüs, se comprend fort bien. Cléophas et son compagnon sont effondrés par la mort de Jésus, qui ruine trois ans de promesses. Ils quittent Jérusalem le soir de Pâques pour Emmaüs, probablement leur village natal.

Mais le Vendredi Saint n’a pas le dernier mot, il faut bien sûr attendre le matin de Pâques. C’est là que la Croix reçoit, pour ainsi dire, toute sa gloire. Elle devient glorieuse de la Gloire du Christ Ressuscité. Elle cesse sur le champ d’être un instrument de torture pour devenir le nouvel Arbre de la Vie. La Croix devient un pont jeté entre la Terre et le Ciel, entre la mort et la vie entre les ténèbres et la lumière. Elle ne sera plus jamais une malédiction, mais bien au contraire le canal de toutes bénédictions. N’est-ce pas en se signant que les fidèles reçoivent la bénédiction de l’évêque, du prêtre ou diacre ?

La Croix, bien que glorieuse, ne dispense pas pour autant les chrétiens de tout effort.
Il nous faut relire les Actes des Apôtres pour se convaincre des tribulations de la jeune Eglise. Les lettres de l’apôtre Saint Paul nous rappellent les faiblesses des premières communautés. Mais désormais, un regard de foi nous assure que la Croix n’est pas nue, elle est auréolée invisiblement de la Nuée qui guidait jadis le peuple hébreu et qui entoure à jamais le Christ Ressuscité. D’un instrument
de torture redouté, elle est devenue le signe de l’Amour infini de Dieu et le symbole de reconnaissance des chrétiens.

À nous, disciples de Jésus, il revient d’apporter à ceux qui sont brisés cette bonne nouvelle : la souffrance et la mort n’auront pas le dernier mot. À nous de
manifester aux hommes d’aujourd’hui la gloire de la Croix en posant des gestes concrets de charité, de partage et de miséricorde.

En ces jours de rentrée, voilà le programme de vie que nous trace la Croix du Christ !

Père Matthias Amiot