« De l’homme à la femme »

Si le début de l’Évangile de Luc est marqué par une Annonciation de
l’Ange à Marie, donc à une femme, celui de Matthieu commence par l’Annonce d’un Ange à Joseph, donc à un homme.
Il y a une raison précise : faire reconnaître le Fils de l’Homme. Le nom de Matthieu en araméen est Matatyah Levy. Il écrit vers 80 (le Temple est détruit depuis une dizaine d’années), pour la Communauté juive de Jamnia en Palestine.
Il veut donc conforter la venue du Christ par une cohérence généalogique
d’une part et son statut familial d’autre part, qui passe obligatoirement à cette époque par la présence du père de famille, donc de l’homme.
C’est pourquoi, la présence de ce chapitre d’Évangile de l’annonce à Joseph
est si important.
On pourrait dire que sans Joseph Jésus n’aurait jamais eu de nom (par
l’Ange), de reconnaissance sociale (grâce au père nourricier), de preuve
historique (généalogie), d’enracinement au Peuple d’Israël, ni même
d’identité (la prédiction d’Isaïe).
C’est donc bien Joseph qui justifie Jésus et c’est Marie qui le fait naître.
Sans Joseph, Jésus n’aurait-il pas été oublié ?
Et cette Bonne Nouvelle résonne encore jusqu’à nous à quelques jours de
Noël :
Le nom de Jésus donné par l’Ange vient de la forme grecque Josué,
ou de l’hébreu : Yéchoua :
Yah : Seigneur + yacha : sauver.
Puis l’Ange parle de l’Esprit Saint.
En hébreux Rou’hâ’ de qoudchâ, soit le féminin de l’âme + la
Respiration. Autrement dit la Spiration Divine, représentée par une (du féminin), colombe.
A la fin de l’Évangile ensuite, Matthieu donne une place plus importante encore aux femmes.
Il laisse entendre : ce Christ menacé aux premières heures et que les hommes ont crucifié, c’est vous les femmes qui en êtes les premières témoins.
Dès lors , il n’y aura plus en Christ de séparation au Temple entre les hommes et les femmes.
Car à Noël, le Temple Nouveau, le Christ ouvre ses bras à toutes et à
tous.

Alain Ficheux, diacre