Entre affolement et risque de découragement

« N’ayez pas peur ! »

Les disciples sont dans la barque, tout à coup « survient une violente tempête, les vagues se jettent sur la barque » et Jésus dort ! L’Evangile (selon saint Marc 4, 35-41)
nous renvoie à nous même. Il arrive que selon les événements nous soyons troublés ou débordés par la peur.
La peur est reliée à l’instinct d’autoprotection.
Dans la Nature, elle peut, par exemple, prendre la forme d’un camouflage. Lorsqu’elle se pervertit chez l’homme, elle s’établit en stratégie d’enfermement, d’esquives de situations, de méfiance maladive, de rejet de l’autre, de domination ou de terreur, bref, de doute et d’incompréhension totale du Dessein du Père pour nous par l’ouverture à son Fils qui est Paix et Liberté.
« N’ayez pas peur ! » Jean-Paul II, 22 octobre 1978

La peur ne domine pas lorsqu’on aime le Christ. Il la remplace par sa bienveillante prudence.
Jésus dit aux apôtres apeurés qui pourtant avait déjà vécu en proximité avec Lui : « Comment se fai-il que vous n’ayez pas la foi ? » Notre foi est ébranlée parce que notre personne n’est pas située à Dieu. Nous perdons confiance alors que Dieu est là, à chaque instant dans le cœur de celui qui le désire ou l’appelle.
Mais on l’appelle et rien ne nous répond ?
C’est alors maintenant un nouveau cap à traverser.
On prie, on demande et l’on ne reçoit pas. Un peu embarrassées, certaines personnes nous disent : « Ne t’inquiètes pas, Dieu est Tout puissant » ou alors : « Tu n’as pas prié comme il faut » ou : « Tu n’as pas prié assez », ou « C’était pas la bonne formule » ou « Il répondra plus tard ou ailleurs, et là où tu ne l’attends pas », etc. Dans tous les cas, on ressent une frustration à Celui dont on nous enseignait la paternité et la proximité. En fait, aucune des réponses ne paraissent satisfaisantes. Dieu est plus que la réponse à notre formulation puisque ne lui manquant rien, Il sait avant nous ce qu’il nous faut et à en horreur l’iniquité. « Ne valez vous pas plus qu’un perdreau et pas un de vos cheveux ne se perdra » Matthieu 10, 29.
Il ne faut pas se méprendre sur le mot « demande » qui peut être source de confusion ou de découragement. Et donc au lieu de commencer par nous ou par l’objet de notre démarche, il vaut mieux partir de Dieu. Qui est-il, sinon l’Amour dont la procession est Présence suppliante ou encore « mendicité riche d’amour ». Et il y a quelque chose de l’Enfant dans cette marque spécifique ou du petit enfant qui dans sa supplication à son papa lui ressemble.
Ainsi, plus qu’une demande, cette prière est « l’élan imploratoire » nous soudant à Dieu. Ce qui compte, c’est l’adresse et la qualité à qui cette adresse est vouée. Autrefois, on parlait de « supplique ». Le contenu est implicite. Ce qui compte est notre espérance et cette certitude que Dieu est en nous. Cette prière que notre cri exprime en fait est remplit de la Présence de Dieu. Dieu se prie en nous, par nous. Cette présence de Dieu que c’est Lui qui par nous ou à partir de nous se formule la prière de demande est la réponse. « Ils ont crié vers le Seigneur dans la détresse » Psaume 106. Nous sommes pauvres ou démunis et cet état est notre prière englobant son contenu dans lequel Dieu est. Car Dieu est supplication même. Être plein de Dieu. Vivre ainsi est vivre Dieu et aucune tempête ne peut nous arracher à Lui.
« Bon vent
avec le Christ ! »

Alain, diacre