LA JOIE DANS LA FOI, LE DOUTE ET LA PATIENCE

En ce troisième dimanche de l’Avent soyons dans la joie, le Seigneur est proche. Le salut annoncé par Noël est proche. Le thème de la joie est bien présent dans la première lecture, tandis que la deuxième appelle à la patience, et que l’évangile nous montre un Jean-Baptiste dérouté de voir le Messie qu’il attendait être différent de celui qu’il s’était imaginé.
La figure principale, proposée à notre méditation, est celle de Jean-Baptiste. Jésus se mit à dire aux foules à propos de celui-ci : qu’êtes-vous allés voir au désert ? Un roseau agité par le vent ?
Qu’êtes-vous donc allés voir ? Un prophète ? Oui, je vous le dis, et bien
plus qu’un prophète. C’est de lui qu’il est écrit : voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour qu’il prépare le chemin devant toi.
Or ce Jean, dont parle Jésus, est en prison, selon la volonté
d’Hérode manipulé par son épouse Hérodiade. Jean est prisonnier non parce qu’il a commis quelques délits, mais parce qu’il a dit une vérité
qui dérange le pouvoir politique en place. Il est capable du plus grand : reconnaître le sauveur. Ensuite, à travers la durée et les difficultés, il va
éprouver le doute en considérant la manière d’agir de Jésus. Jean-Baptiste vit la grande expérience du croyant.
Jean-Baptiste, tout comme chacun d’entre nous qui regardons Jésus de
Nazareth, se pose la question à savoir s’il est le messie.
Si nous sentons le besoin de poser la question, c’est peut-être que Jésus ne correspond pas au Messie que nous avions imaginé. Jean dans sa prison devait penser que sa vie avait été un échec et que sa foi en Jésus avait été un leurre. C’est ce que pensent ceux qui disent que Dieu est indifférent à la souffrance des humains.
Mais le doute, Jean-Baptiste le vit d’une manière positive en s’ouvrant à celui qui peut lui offrir une réponse.
Dieu est déroutant, il ne vient pas comme prévu sur les chemins de nos
vies. Si Dieu nous avait laissé le soin de dessiner le messie, nous en aurions fait quelqu’un qui aurait mis soudainement fin à ce monde de misère et aurait enfin créé l’humanité parfaite.
Rien de cela ne s’est passé. Voilà une constatation qui peut être un obstacle à la foi. Fondamentalement, Jésus ne dit pas que l’infirmité, la violence ou la pauvreté n’existeront plus, mais il dit qu’une énergie l’habite. Cette énergie est capable de contribuer à la transformation des autres pour qu’ils trouvent la vie là où ils sont. Cette énergie est en chacun de nous.
Être chrétien, c’est être responsable de son salut et du salut des autres. La seule façon d’y parvenir, ce n’est pas par l’imposition
de règles ou d’interdits, mais bien par la fermeté de notre
engagement chrétien.
Affermir notre coeur, n’est-ce pas se préparer intérieurement à accueillir humblement Jésus qui est là au milieu de nous, à travers l’autre, les autres, surtout les plus petits, les plus pauvres, les exclus, les blessés de la vie ?
Est-ce que notre relation à Jésus améliore notre vision des choses et guérit nos surdités ? Nous remet-elle debout ? Libère-t-elle en nous une parole qui fait du bien ?
Quelle sorte de messie attendons-nous vraiment pour ce Noël 2016 ? Je vous souhaite de vivre ce chemin d’Avent dans la paix intérieure et dans la joie.

Philippe GERMAIN