LA PRIÈRE ET LE PURGATOIRE

Après avoir célébré nos frères aînés qui ont atteint le bonheur en Dieu, l’Église
nous invite à nous souvenir de ceux qui ont déjà passé la mort, mais poursuivent encore leur route vers la plénitude de ce bonheur. Si la fête de la Toussaint est toute rayonnante de joie, celle de ce jour est plus recueillie, car nous sommes invités à prier pour abréger les souffrances de ceux qui sont certes déjà entrés dans la lumière de la vie, mais qui n’ont pas encore entièrement achevé leur purification dans le Feu de la Charité divine.
Deux siècles avant J.C., nous trouvons le témoignage (en 2 Macc. 12, 46) de la croyance en la valeur et en l’efficacité de la prière pour les morts. L’offrande faite par Judas Maccabée, en faveur des soldats morts au combat sur lesquels on avait trouvé des objets idolâtriques, prouve qu’il croyait en la possibilité d’une purification de l’âme par-delà la mort. L’Église primitive a fait sienne cette doctrine et a développé dès le second siècle la prière pour les morts. Cette pratique va prendre de l’ampleur vers le Xe siècle, lorsque Saint Odilon, cinquième Abbé de Cluny, introduira la fête de la commémoration de tous les fidèles défunts au lendemain de la Toussaint dans le but précisément d’intensifier notre prière pour les âmes du purgatoire. Les Juifs comme l’Église d’Orient prient également pour leurs défunts.
Cette doctrine fut pleinement confirmée par le Concile Vatican II. Interprétant ces textes du Concile, Jean-Paul II explique : « Unie aux mérites des saints, notre prière fraternelle vient au secours de ceux qui sont en attente de la vision béatifique. Selon les commandements divins, l’intercession pour les morts obtient des mérites qui servent au plein accomplissement du salut. C’est une expression de la charité fraternelle de l’unique famille de Dieu, par laquelle nous répondons à la vocation profonde de l’Église : sauver des âmes qui aimeront Dieu éternellement. Pour les âmes du purgatoire, l’attente du bonheur éternel, de la rencontre avec le Bien-Aimé, est source de souffrances à cause de la peine due au péché qui maintient loin de Dieu. Mais l’âme jouit de la certitude que, le temps de sa purification achevé, elle ira à la rencontre de Celui qu’elle désire (cf. Ps 42 ; 62). J’encourage donc les catholiques à prier avec ferveur pour les défunts, pour ceux de leurs familles et pour tous nos frères et soeurs qui sont morts, afin qu’ils obtiennent la rémission des peines dues à leurs péchés et qu’ils entendent l’appel du Seigneur à entrer dans la plénitude de sa gloire. »
Aussi prions-nous avec confiance pour nos défunts : puisque “tu accordes à tes élus grâce et miséricorde, et que tu veilles sur tes amis” (1ère lect.), “rappelle-toi, ta tendresse, ton amour qui est de toujours. Oublie leurs révoltes, les péchés de leur jeunesse ; dans ton amour enlève tous leurs péchés” (Ps 24) et reçois-les dans la plénitude de ta paix, de ta joie et de ta lumière, maintenant et pour les siècles des siècles.
Amen !

Philippe GERMAIN, diacre