Saint Bruno, Apôtre du silence

En ce 6 octobre, nous fêtons saint Bruno, un saint peu connu et dont la fécondité est pourtant extraordinaire.
Pendant 20 ans, il enseigne la théologie à l’université
de Reims, où lui-même a étudié. Pressenti pour remplacer l’évêque, il préfère tout quitter pour mener une vie d’ermite. Avec quelques compagnons, il est accueilli par l’évêque de Grenoble, et ils s’installent dans le massif de la Chartreuse en
1084. En 1092, il part en Calabre fonder un autre ermitage.
Depuis 900 ans, les Chartreux fécondent le monde et l’Église par leur silence et leur prière. Ce silence interroge et questionne. Dans un monde saturé de bruits et de paroles, le silence a quelque chose de révolutionnaire. Le silence n’est pas l’absence de paroles, il est accueil de la Parole. Notre monde semble devenu incapable d’écoute, et par là même se prive de Dieu. « Écoute, Israël » (Dt 6, 5),
tel est en effet le premier pas de la vie spirituelle.
L’homme qui ne fait que parler n’est capable que de lui-même. L’homme qui se tait devient capable de Dieu.
Dans un monde qui préfère la quantité à la qualité et l’efficacité à la fécondité, beaucoup trouvent que les contemplatifs n’ont pas leur place. Là aussi c’est une erreur d’appréciation. L’action humaine est bonne, mais pas suffisante pour transformer le monde en profondeur. Les efforts du corps et de l’esprit sont vains sans la grâce : « Sans moi, vous ne pouvez rien faire » (Jn 15, 5), nous dit le Seigneur.
En visite dans une chartreuse, Benoît XVI a affirmé : « vous êtes en réalité dans le coeur de l’Église et vous faites courir dans ses veines le sang pur de la contemplation et de l’amour de Dieu. ». La Chartreuse a donc gardé toute son actualité. Les fils et les filles de saint Bruno continuent d’entourer le monde et l’Église de leur prière ardente. Derrière les murs silencieux de leurs monastères, le coeur battant de l’Église enfante le Christ dans les âmes et fait entrer le monde dans le Royaume.

Père Matthias AMIOT