Tous missionnaires

Dans nos campagnes, nous voyons parfois à l’entrée des villages des croix de mission.
Elles font mémoire d’un temps fort qui fut célébré pour raviver la foi des fidèles. L’Occident déchristianisé à du mal à entendre ce mot de « mission » : serait-elle d’un autre âge ?
Ce que les croix de mission nous rappellent, c’est que la foi est très fragile. Même dans un pays de tradition chrétienne il fallait donc raviver la foi ! Bien sûr, car elle n’est jamais acquise. Tertullien, théologien du IIIème siècle, l’a résumé dans une formule passée à la postérité : « On ne naît pas chrétien, on le devient ».
Dans un monde de plus en plus indifférent à la question de Dieu, mais qui pourtant reste en quête de sens, les chrétiens ne peuvent pas se contenter d’une foi fragile.
Les édifices en sable n’ont pas une longue espérance de vie. Il faut leur préférer la pierre des cathédrales.
La foi reçue de nos aînés ne pourra se transmettre que si elle est solide. Fragile, elle risque d’être éphémère.
La foi n’est pas une théorie à mémoriser pour comprendre ce qui se vit pendant la messe dominicale. Cette conception coupe la vie chrétienne en deux étages : la vie de tous les jours et le culte. La foi est bien plus que cela : une vie qui doit irriguer chaque instant de notre journée, chaque jour de notre existence. Il n’y a plus alors une vie coupée en deux : le public et le privé, l’intime et le social. Il y a une vie chrétienne unifiée autour de la quête de Dieu et l’annonce de l’Évangile. Envisagée ainsi, la mission devient la responsabilité de tous et de chacun.
Dans cette perspective de la mission, la première lettre de saint Pierre, située vers la fin du Nouveau Testament, serait une lecture intéressante. Dans un contexte indifférent
ou hostile, notre vocation reste identique à celle des premiers chrétiens : semer la Parole évangélique à pleine poignée. S’il n’est pas de notre ressort de la faire germer, notre responsabilité est de l’apporter au monde. Si chacun joue son rôle, la pêche sera miraculeuse et la moisson abondante. A tous et à chacun je souhaite une bonne mission !

Père Matthias Amiot