Une décision courageuse

C’est lundi dernier, un peu avant midi, que j’ai commencé la rédaction de cet éditorial. Le sujet en était tout trouvé : le temps du Carême. Avant de me remettre à la tâche, dans l’après-midi, j’ai appris l’événement de la journée : l’annonce faite par le Pape de renoncer à sa charge à partir du 28 février. J’ai alors pris la décision de changer de thème.

Comme tous, y compris ceux qui auraient pu être informés, j’ai été surpris. Un Pape qui renonce à sa charge est un fait très rare dans l’histoire de l’Église. C’est comme un coup de tonnerre dans un ciel apparemment serein ! On en parlait parfois, mais cela restait une hypothèse d’école. Nous avons sous les yeux l’exemple de Jean-Paul II qui jusqu’au bout, alors qu’il était dans un état lamentable, a voulu rester sur le siège de St Pierre.

Benoît XVI est un Pape dans la ligne de son prédécesseur. Mais nous avons là deux personnalités bien différentes et qui ont fait des choix différents. Alors que le Pape polonais a poursuivi sa mission jusqu’à ce que le Seigneur l’invite à entrer dans le Royaume, celui venu d’Allemagne a considéré que la tâche qui était la sienne était trop lourde du fait de son âge et des forces qui l’abandonnaient peu à peu, ce qui l’a amené à renoncer. On voit chez l’un et l’autre un très grand amour de l’Église, une haute estime de la mission. Nous sommes en présence à la fois d’hommes de Dieu humbles et courageux.

La déclaration que Benoît XVI a faite devant les cardinaux lundi matin montre que sa décision vient au terme d’une longue réflexion menée au plus profond de sa conscience, éclairée par l’Esprit Saint :

« Après avoir examiné ma conscience devant Dieu, à diverses reprises, je suis parvenu à la certitude que mes forces, en raison de l’avancement de mon âge, ne sont plus aptes à exercer adéquatement le ministère pétrinien ».

Ce temps du Carême dans lequel nous venons d’entrer, va être vécu par nous, catholiques, avec un éclairage tout à fait inhabituel. Notre prière sera plus intense pour le Pape Benoît XVI, pour l’Église. Nous confierons les membres du Sacré Collège à l’Esprit Saint pour que Celui-ci les inspire lors du conclave. Nous célébrerons la fête de Pâques en acclamant celui que le Seigneur aura donné à son Église pour la conduire.

Père Jean-Luc Guilbert